En peu d’années, nous sommes déjà à la troisième édition, rebaptisée pour la circonstance « La nouvelle bible de la préparation physique » ce qui laisse à penser que de nombreux changements sont proposés aux lecteurs des deux éditions précédentes, voire à ceux que l’importance du document actuel ne rebutera pas.
Pour ceux-ci, que j’encourage à acquérir cette « nouvelle bible », je conseille de ne pas faire comme moi, c’est-à-dire, vouloir lire tout l’ouvrage d’un seul trait.
Hélas, après cette lecture trop « massive », j’ai la fâcheuse impression de ne plus savoir ce que j’ai lu et souvent appris…
Dans la grande richesse de l’ouvrage, le peu que je suis capable de retenir est en premier lieu le souci permanent des auteurs de mettre en regard ou/et en interaction sciences et applications sur le terrain, auxquelles s’ajoute leur propre expérience d’entraîneurs. Dans la stratégie dialectique ici choisie, les constants allers et retours entre la forte expérience du terrain et leur éclairage scientifique, nous pouvons nous demander qui apporte le plus d’éclairage à l’autre : le terrain à la science ou la science au terrain ? Ici me vient à l’esprit ce A.V. Hill (Prix Nobel de Médecine) écrivait déjà en 1926 : « quelques une des données physiologiques les plus importantes ne se retrouvent pas dans les livres de physiologie ou les ouvrages de médecine mais dans les records mondiaux de la course à pied »… A méditer !
Conjuguée à l’expérience de terrain, la culture scientifique des deux auteurs, Didier REISS et Pascal PREVOST fait de cet ouvrage une référence qui apportera certainement beaucoup non seulement aux préparateurs physiques auxquels il est principalement dédié mais aussi aux médecins du sport, aux entraîneurs, aux étudiants en STAPS et à leurs enseignants qui prendront, à n’en pas douter autant de plaisir à le lire que j’en ai eu moi-même. En outre, nombre d’étudiants en STAPS pourront aussi y trouver d’excellents sujets de thèses pour tester les hypothèses que les deux auteurs avancent.
Avec cet ouvrage la barre est placée très haut. A ce jour, il se situe nettement au-dessus de ceux que j’ai eu l’occasion de lire traitant du même sujet, la préparation physique scientifique,
Je retiens aussi ce qu’indique la longue introduction dont les parties philosophiques tracent le fil conducteur de l’ouvrage. Cette introduction est à lire et à relire… Elle engage les auteurs à faire tomber un à un certains des croyances et dogmes bien ancrés dans les domaines de la préparation physique… Attention, quelques-uns ont encore la vie dure… même dans cet ouvrage !
Je retiens enfin l’évolution notable des contenus de douze de ses seize chapitres dont certains ont été mis à jour plus que d’autres comme notamment ceux traitant de l’endurance aussi bien métabolique que des fonctions musculaires, de la souplesse, de l’hypertrophie musculaire pour ne citer qu’eux…Sans oublier la grande richesse bibliographique sur laquelle s’adossent ces contenus…plus de 1700 références actuellement !
Pour le futur lecteur, je conseille donc de prendre son temps, de lire chapitre après chapitre dans l’ordre qu’il souhaite et ne pas hésiter à en faire une étude critique approfondie car tout le monde n’a pas heureusement le même avis et surtout le même niveau de connaissances.
Que penser d’une troisième édition en quelques années ?
Ce besoin peut aussi bien traduire l’insatiabilité des auteurs que les formidables avancées de la science et de ses nouvelles applications… Certains prétendent que la stabilité est le meilleur ingrédient pour apprendre mais attention de ne pas confondre stabilité et absence de changement qu’exècrent les scientifiques ! Le changement est littéralement l’unique constante en science. L’énergie, la matière, l’Homme, la performance humaine changent. Il suffit de se rappeler les records des années cinquante du siècle dernier par rapport à ceux d’aujourd’hui qui eux-mêmes paraîtront dérisoires dans cinquante ans !
Que cesse cette tendance à s’agripper à ce que les choses étaient, au lieu de les laisser être ce qu’elles sont et ce qu’elles pourront être…C’est, ne rien vouloir changer qui me paraît le plus anormal.
Qu’il me soit permis de citer ici le Pr Didier Raoult « La science est vivante. Et tout ce qui est vivant se détruit et se reconstruit en permanence. Et donc, chaque fois qu’on peut détruire un dogme, je suis ravi ».
Revers de cette médaille : comme la science ne cesse d’avancer, que seront demain nos certitudes d’aujourd’hui ? Oui, il est probable que d’autres éditions seront requises pour poursuivre l’indispensable ajustement de cette dialectique science-terrain dans laquelle est inscrite le présent ouvrage.
Dans cette perspective, Didier et Pascal, je vous lance le challenge de définitivement abandonner les concepts totalement erronés « d’anaérobies alactique et lactique » ainsi que ceux des « seuils aérobie et lactiques » dogmes dont nous avions déjà fortement critiqué les fondement scientifiques fin des années 1990 et début des années 2000, époque où étudiants attentifs et motivés vous aviez à subir mes cours de physiologie de l’exercice et de l’entraînement à Bordeaux.
Que de chemin parcouru depuis ! Bravo Pascal et Didier, je suis très fier de la qualité de votre production et merci du cadeau et du grand honneur que vous me faites en me demandant de la préfacer.
Mes plus vives félicitations
Georges CAZORLA
Docteur en « Biologie de l’activité musculaire »
Expert en physiologie et méthodologie de l’évaluation et de la détection
Créateur du diplôme d’université en évaluation et en préparation physique